Enquête choc sur le retard des géants auto dans les rappels d’airbags Takata
Une enquête élargie sur la gestion des rappels d’airbags Takata
Après avoir ciblé Stellantis en avril dernier, la justice française s’intéresse désormais à trois autres grands constructeurs automobiles : Toyota, Volkswagen et BMW. Ces marques font l’objet d’enquêtes pour leur gestion des rappels liés aux airbags défectueux de la marque Takata.
Des retards dans le remplacement des airbags
Les autorités françaises reprochent à ces constructeurs leur lenteur à faire remplacer les airbags défectueux. Ces dispositifs, censés assurer la sécurité des passagers, ont été à l’origine de plusieurs décès en France. Le dossier prend une ampleur importante, notamment avec la mobilisation de nombreux automobilistes.
Maître Christophe Lèguevaques, avocat ayant lancé une action collective regroupant près de 3 000 personnes, parle d’un « dossier immense ». Il estime qu’il pourrait y avoir jusqu’à 2,5 millions de victimes potentielles en France. Lors d’une réunion en ligne, il a annoncé que son action s’étendait aux trois nouvelles marques, tout en précisant que le processus judiciaire pourrait durer au moins cinq ans avant toute indemnisation.
Des morts évitables
Cette affaire est d’une gravité particulière en raison de trois décès récents en France. La première, survenue en décembre 2021 dans une Citroën C3 en Martinique, a été suivie d’une autre dans les Hautes-Pyrénées en novembre 2023, puis d’une troisième dans la Marne en juin dernier. Ces drames ont conduit le parquet à étendre son enquête pour y inclure des accusations d’homicides involontaires.
L’association UFC-Que Choisir dénonce des comportements lourds de conséquences, comme des pratiques commerciales trompeuses et une mise en danger délibérée de la vie d’autrui. Pour Maître Charles-Henri Coppet, défenseur de plusieurs familles de victimes, le constat est sévère : « Les constructeurs ont fait les autruches pendant dix ans. Ils connaissaient le problème Takata mais n’ont pas agi. »
Un problème mondial qui perdure
En France, environ 1,7 million de véhicules sont concernés par un rappel « stop drive », c’est-à-dire une interdiction de circuler avant de faire réparer gratuitement les airbags défectueux. Stellantis affirme avoir déjà remplacé 87,3 % des airbags défectueux sur ses modèles C3 et DS 3, mais les autres constructeurs restent silencieux sur leurs chiffres.
La cause principale du problème réside dans le gaz utilisé dans ces airbags, le nitrate d’ammonium. Ce composé se dégrade avec le temps, surtout dans les climats chauds et humides, provoquant des explosions dévastatrices. C’est notamment le cas dans certains territoires outre-mer français, où 18 morts et 25 blessés ont été recensés.
Un bilan mondial lourd
Au niveau mondial, la situation est encore plus préoccupante. Avec 28 décès aux États-Unis, ce pays est le plus touché. Six constructeurs ont déjà versé 1,5 milliard de dollars d’indemnisations. En France, la bataille judiciaire ne fait que commencer, avec plusieurs années de retard par rapport aux États-Unis, comme cela a été le cas pour l’affaire du Dieselgate.
