Vinci teste la première route électrique en Essonne

Une innovation mondiale : Vinci teste une route électrique sur l’autoroute A10 en Essonne
À environ 40 kilomètres au sud-ouest de Paris, un panneau jaune indique : « Ici, nous testons la recharge dynamique sur autoroute ». Cette initiative vise à accélérer la décarbonation du transport routier en utilisant une technologie de recharge innovante.
Depuis septembre, un consortium dirigé par Vinci expérimente à Angervilliers, en Essonne, la recharge par induction sans contact pour véhicules électriques. Sur cette section de l’autoroute A10, un tronçon de 1,5 kilomètre est équipé de bobines de cuivre alimentées par le réseau électrique. Ces bobines créent un champ électromagnétique sous la chaussée, permettant de recharger les véhicules en circulation.
Une technologie adaptée aux grands véhicules
Sur la voie de droite, la seule indication visible d’une réfection récente est un revêtement plus sombre. Mais en dessous, les bobines, disposées à dix centimètres sous la chaussée, alimentent différents prototypes de véhicules, dont un poids lourd, un bus, un utilitaire et une voiture. Lorsqu’un véhicule équipé de bobines réceptrices passe au-dessus, celles-ci détectent le champ et reçoivent de l’énergie en continu.
Les plaques réceptrices, d’environ 40 kilogrammes et mesurant 1,3 mètre sur 80 centimètres, peuvent être installées sur des véhicules existants. À terme, elles seront produites industriellement par le partenaire Hutchinson, pour une intégration dès la construction des véhicules.
Efficacité et potentiel de la recharge
Selon les premières mesures de l’université Gustave-Eiffel, la puissance transférée en moyenne est de 200 kW. Cela suffit à recharger efficacement des camions. Avec cette puissance, la moitié de l’énergie va au moteur, et l’autre recharge la batterie. Concrètement, un véhicule lourd peut gagner un kilomètre d’autonomie par kilomètre parcouru, tandis qu’un véhicule léger peut gagner deux à trois kilomètres.
Ce système d’induction constitue une étape importante dans le développement des « routes électriques » (Electric Road System, ERS). Ces systèmes visent à permettre aux véhicules de se recharger en circulation, facilitant ainsi la transition vers des transports plus propres, en réduisant la dépendance aux moteurs diesel.
Autres technologies de recharge en expérimentation
En plus de la recharge par induction, deux autres solutions expérimentées en France utilisent un contact pour charger les véhicules. La conduction aérienne, inspirée du ferroviaire, est privilégiée en Allemagne. La conduction par le sol, aussi testée en France, consiste à alimenter un véhicule via des rails intégrés dans la chaussée.
À Saint-Maurice-de-Rémens, dans l’Ain, un centre d’essais a été aménagé sur une route de 420 mètres équipée d’un système d’alimentation par le sol. Ce projet français, nommé eRoadMontBlanc, est porté par plusieurs partenaires dont Alstom et l’université Gustave-Eiffel. Il utilise des rails moulés dans la résine, et un bras articulé sur le véhicule vient faire glisser un patin pour capter le courant.
Les essais, qui doivent durer entre trois et six mois, permettront de valider cette technologie. Les résultats seront ensuite transmis au ministère des Transports pour une éventuelle validation en phase 2.
Objectifs et perspectives
Ces projets, soutenus par Bpifrance et le plan France 2030, ont pour objectif de démontrer que ces systèmes peuvent être économiquement viables. L’idée est de proposer des tarifs abordables dans le futur. Guillaume Demond précise que la technologie d’induction n’est pas réservée aux véhicules haut de gamme, mais accessible à tous.